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52 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Etrange destinée de l'homme ! Il meurt de trouver cette même connaissance dont la recherche seule l'empêche de mourir. S'il ne la recherche pas, il n'est pas différent des bêtes, et s'il la trouve, il est plus malheureux que les démons.

Après être venu à bout de maintes dissertations dans le genre de celle-ci, j'arrivai enfin aux non- nés eux-mêmes, et découvris qu'ils les considé- raient comme des âmes pures et simples, sans corps matériel, mais vivant une sorte d'existence gazeuse et pourtant plus ou moins anthropo- morphe, comme celle d'un esprit ; et que par conséquent ils n'ont ni chair, ni sang, ni chaleur. Cependant on croit qu'ils ont des habitations et des villes où ils demeurent, quoique celles-ci soient aussi immatérielles que leur habitants. On suppose même qu'ils mangent et boivent une sorte d'aliment fluide, une espèce d'ambroisie, et qu'ils peuvent faire tout ce que font les hommes, mais d'une manière idéale et fantastique, comme en rêve. D'autre part, tant qu'ils résident dans leur monde ils ne meurent pas ; pour eux la seule façon de mourir consiste à quitter leur monde pour le nôtre. On croit qu'ils sont extrêmement nombreux, beaucoup plus nombreux que les hom- mes. Ils viennent de planètes inconnues, com- plètement développés, et en grandes quantités à la fois. Mais il ne peuvent quitter le monde des non-nés qu'en faisant les démarches nécessaires

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