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S96 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

on ne peut pas dire qu'il compose un rôle, il le découvre et le redécouvre à toute occasion. Il ne cesse de collaborer, en poète, avec le poète.

Mademoiselle Tessier est radieusement belle. Elle a pris d'assaut, dirait-on, le difficile rôle de la Périchole. L'étude et le talent colla- borent pour le plus grand mérite de cette comédienne.

jouvey, l'évêque de Lima, est à son ordinaire, c'est-à-dire extraor- dinaire. Vermeil est onctueux, visqueux, digne des grandes figures de la comédie classique.

GEORGES DUHAMEL

��LAMARTINE ET MOREAS.

Deux commémorations littéraires ont marqué le début de cette année : le centenaire des Méditations et le dixième anniversaire de la mort de Jean Moréas. Le hasard fait de tels rapprochements qui donnent à réfléchir.

« Je n'admire pas un poète qui n'a pas autant de chants que la mer a de flots », disait Apollonius, et Callimaque lui répondait : « Non, les prétresses légères ne portent pas 'à Cérès de l'eau de tout fleuve; mais celle qui, pure et transparente, coule en petite veine de la source sacrée, celle-là lui est chère... » Et tous deux continuent, à travers les siècles, d'avoir raison, et cela tant que l'abondance et la pureté seront les deux vertus cardinales de la poésie. Les plus belles œuvres de Lamartine sont nées au lieu de leur rencontre. Deux poèmes des Méditations offrent cet équilibre d'éloquence et d'harmonie qu'il est plus aisé de sentir que de définir : un point où le rythme de l'inspiration, de l'idée génératrice et le rythme verbal se confondent absolument. Racine et Malherbe ont de ces moments incomparables, mais, pour peu que l'on soit du métier, il est diffi- cile de ne pas sentir dans ces rencontres l'habileté et le tour de main. C'est, du reste, un autre charme et qui a son prix.

Lamartine a le secret des brusques mouvements qui dilatent le cœur. D'autres se soutiennent mieux et plus longtemps. Nul, d'un

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