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PSYCHOLOHIE DU PRÉSIDENT WILSON 635

parmi les Européens vaut la peine d'être notée. Il ne pouvait pas, en une minute, comprendre ce que disaient les autres, mesurer la situation d'un regard, forger une réplique, aller au-devant de la question par un léger changement de position. Il devait donc être battu sim- plement par la vivacité, la compréhension, l'agilité d'un Lloyd George. Il n'y a sans doute pas eu beaucoup d'hommes d'Etat de premier rang plus impropres que lui à la souplesse de la discussion. Il arrive souvent un moment où vous pouvez gagner une victoire importante si, par un léger semblant de con- cession, vous sauvez la face de l'opposition, ou si vous vous mettez d'accord avec elle par un nouvel exposé de votre proposition, qui sert à l'adversaire et ne diminue en rien ce à quoi vous tenez. Le Président n'était pas armé pour ces habiletés simples et usuelles. Son esprit trop lent manquait de ressources pour être préparé à une alternative quelconque. 11 pouvait enfoncer ses talons dans le sol et refuser de bouger, comme il fit à propos de Fiume. Mais il n'avait pas d'autre moyen de défense. Ses contradicteurs n'avaient pas besoin de beau- coup d'artifice, pour empêcher les choses d'en venir à ce point avant qu'il soit trop tard. Par des amabilités et des concessions apparentes, on éloignait le Président de sa position, on lui faisait manquer l'occasion d'enfoncer les talons et, avant qu'il sût où on l'avait entraîné, il était trop tard. En outre, il est impossible, après avoir causé pendant des mois d'une façon familière et amicale en apparence, avec d'intimes associés, d'enfoncer tout le temps ses talons. La victoire n'était possible que pour un homme qui aurait eu une compréhension assez vive

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