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Page:NRF 14.djvu/761

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NOTES 755

vue est un sens libre et désintéressé, et que l'amour n'y prend place qu'en une société tempérée et organisée avec le reste du monde. Une heure de causerie là dessus ne serait pas mal employée, et quel- ques uns des dix-sept articles de M. Mille fourniraient d'aussi inté- ressantes occasions, car il a le don de trouver des sujets. Comme le melon de Bernardin de Saint-Pierre, son Bol de Chine est fait pour le repas intellectuel d'une petite famille d'amis.

ALBERT THIBAUDET

VÉLAZQIJEZ, par Auguste Brèal (Grès et 0«).

M. Auguste Bréal consacre à Vélazquez un livre court, dense et lucide qui est un modèle du genre. L'œuvre d'un peintre est trop souvent pour le critique d'art occasion de littérature — et comment en pourrait-il être autrement, à une époque où quiconque tient une plume se croit qualifié pour parler de tout, même de ce qu'il ne connaît point et spécialement de peinture ? La critique d'impression qui est une chose agréable suppose un énorme talent; il ne s'agit de rien moins que de faire passer l'intérêt de l'objet au sujet et de l'ouvrage commenté au commentaire. Je préfère la critique selon les règles, qui est soumission, étude, compétence; elle n'exclut pas l'enthousiasme et n'entraîne pas nécessairement la pédanterie. Un «honnête homme» qui voudra se faire une idée claire et juste de Vélazquez, qu'il ait ou non visité le Prado, devra lire ce petit livre. L'érudition s'y cache, mais nous livre l'essentiel. Le jugement per- sonnel, sans abdiquer ses préférences, tâche de se borner à un effort de compréhension. Qu'est-ce que Vélazquez ? Comment s'est-il formé? En quoi diffère-t-il des autres maîtres? Que leur doit-il? Qu'apporte-t-il de neuf? Par quoi son art est-il émouvant et durable? Voilà les questions que pose et auxquelles répond M. Bréal, plus passionné pour son sujet et plus érudit qu'il ne veut paraître. Mais il écrit, je le répète, pour les «honnêtes gens».

Ce n'était point le cas de Cari Justi, qui publiant à Bonn en 1888 un « monument de la science allemande » Diego yéla^que^ et son siècle, en deux forts volumes in-quarto, s'avisa d'y insérer, par scru- pule d'érudit, d'importants fragments inédits d'un Journal attribué

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