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Page:NRF 14.djvu/860

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854 ^^ NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

munes, avant de chercher comment il prend corps dans la pierre ou sur le papier. En fait, l'ancienne esthé- tique ne procédait guère autrement. Mais si le réel seul est beau, si nul projet n'a de prix hors de l'œuvre, c'est donc des oeuvres qu'il faut partir, et des arts parti- culiers, considérant en chacun sa matière, ses res- sources et ses outils. Ni la parenté des dons qui les préparent, ni celle des joies qu'ils nous donnent, ne suffiraient à lier les arts en un même système, si la résis- tance de toute matière, et le besoin de régler l'œuvre sur l'œuvre même, n'imposaient partout au travail cer- taines conditions communes qu'on peut à la fin rassem- bler en une théorie du style.

Un art ne dépend d'un autre art qu'autant que son objet dépend d'un autre objet : comme l'ornement, par exemple, dépend de l'architecture. Ainsi les arts qui s'appliquent directement au corps humain — danses, cortèges, costume et parure — prennent ici la tête de la série. Car le Cérémonial, par lui-même esthétique, a sa fin propre et sa matière à part. L'architecte peut deman- der aujourd'hui qu'on le consulte sur les fêtes, et le peintre sur les modes. Mais les fêtes et le culte ont d'abord proposé un programme à l'architecte ; le costume, la parure, la politesse ont préparé au peintre ses modèles.

La seule présence d'un élément commun — tel que le langage des mots, ou la forme qui parle aux yeux — n'empêche point que deux matières d'art diffèrent pro- fondément : ainsi le théâtre, action et spectacle, se trouvera placé loin de la poésie ; Fart du langage écrit n'aura pas mêmes lois que celui du langage chanté ou

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