SUR UN (( SYSTÈME DES BEAUX-ARTS » 855
déclamé ; et le dessin, comme art indépendant, révélera d'autres caractères que dans les esquisses du peintre, de l'architecte ou du sculpteur.
Enfin, il est évident qu'en chaque art la seule notion de sa matière n'enferme point toutes les relations qui le rattachent à la nature et à l'esprit humain. Mais elle domine ces relations, et leur pose les seules limites qu'on ne puisse traiter d'arbitraires. Le livre sur la Sculpture contiendra donc un chapitre des Passions et un chapitre des Pensées ; le livre sur la Peinture, un chapitre des Sentiments et un chapitre des Symboles. Ce ne seront point divagations littéraires, si l'auteur a toujours égard aux nécessités du marbre, aux exigences de la couleur.
Le rôle de l'esthéticien est de préciser ainsi les effets que chaque art atteint par ses moyens propres, et de ra- mener vers ce centre toutes nos réflexions. Il peut le faire sans empiéter jamais sur le domaine de la technique. Cesserait méprise que d'attendre de lui un cours raisonné d'harmonie, ou des recettes d'atelier. Et ce serait injus- tice d'exiger qu'il se montre également sensible à tous les arts, également instruit de leur histoire et de leur état actuel. En tâchant de le prendre en défaut, on trouvera d'ailleurs l'occasion de se critiquer soi-même et d'avouer ses faiblesses. Un peu déçu par les pages sur la Musique, j'ai dû me rappeler qu'Alain s'y connaît sûrement mieux que moi, puis constater l'approbation que lui accordent des témoins qui jugent de cet art par science et pratique, non par simple impression. Pourtant les pages consa- crées au Dessin brillent mieux, ce me semble, par leur propre lumière ; les formules y sont plus nettes et d'un
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