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LE NÈGRE LÉONARD ET MAITRE JEAN MULLIN 883

Le paysage avec la masse sombre du bois- Friqnet à l'horizon m otait presque la liberté de penser.

Le fait de posséder un petit coin de terre et mon dégoût pour Paris où l'avenir se dessinait avec des détails fastidieux m'empêchaient de rompre avec mes liabi- tudes en allant chercher ailleurs la tranquillité pour mon imagination.

A cette époque, depuis deux ans, la paix régnait sur le monde. Les pages illustrées des magazines en donnaient quelques aspects souriants en représentant des « palace » protégés par des- mitrailleuses, des rues baTrées par des fils de fer barbelés et des squares remplis de soldats diversement casqués et dormant de ce sommeil de brutes, dans des attitudes qui, pour moi, évoquaient des souvenirs per- sonnels.

Un matériel de guerre inimaginable et invendable traînait dans tous les coins de paysage. Et chacun était devenu prudent, instinctivement, dans l'attente de-quel- que chose.

Ce « quelque chose y» planait au-dtessus de tous, se mêlant à l'air que l'on respire, à Teau que Fon boit, au pain que l'on mange. Les moins chagrins allaient à leurs affaires, la tête rentrée dans les épaules comm-e dans l'attente des mauvais coups dépassant le génie des hommes.

C'était le ton de l'époque, sa beauté et les éléments littéraires à l'usage des romans à écrire dans ,un avenir encore éloigné.

Javais vu danser les filles de Francfort ; je connaissais des anecdotes scandaleuses sur certains bals masqués donnés dans cette ville et je ne pouvais faire mieux que

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