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ILOTES 925

les derniers, sans être ^ entièrement satisfait. Une inquié- tude ronge malgré nous notre joie, un regret retient une partie de nos élans. Seuls quelques génies qui surent maîtriser les forces violentes qui les animaient nous offrent parfois au sein de l'impure Renaissance des refuges où nous goûtons un plaisir sans mélange. Ce sont les véritables clas- siques. Au milieu d'eux Raphaël se tient, et il les dépasse on ne sait par quel divin sortilège. Il est le sommet de cette pyra- mide idéale des valeurs picturales. Il domine à la fois les plus instinctifs et les plus expérimentés ; sa jeune tête illuminée ■est le phare suprême qui éclaire le monde de l'activité artis- tique. Si l'ayant une fois considéré dans sa multiple splen- deur, on reporte les yeux sur les autres maîtres, on ne peut juger de la valeur de ceux-ci que selon l'étendue du reflet raphaëlesque qui les éclaire.

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��Certains peintres s'adressent à nous avec violence ; ils rious ^dominent grâce en quelque sorte à la force de leur agression. Ainsi procède souvent Rubens qui nous a.ssQvvh par éblouis- .sèment. On demeure fasciné devant ses oeuvres, incapable de réagir, et on accepte à la fois ses sourires et ses grimaces. Ce n'est qu'à la réflexion qu'on regrette que tant de beautés soient ternies par tant de licences. Avec Raphaël, jamais de ces repentirs. Le souvenir que l'on en emporte est toujours -dénué d'aigreur ; il nous emplit comme une bouflee tiède et persiste dans toutes nos fibres, n'entraînant aucun regret. Quelle est la raison d'une autorité si totale ? C'est beaucoup parce que le peintre sait se garder de tout excès, parce que sa grâce est toujours robuste et sa puissance toujours tem- pérée, mais c'est surtout parce que son langage, qu'il soit gracieux ou puissant, est avant tout plastique, dans l'accep* tion la plus rigoureuse du mot.

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