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600 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

moral. Tout, en matière internationale, le change, les opé- rations de bane-[uc, le commerce extérieur ou la diplomatie, a une base spirituelle. Tant qu'il n'y aura pas de sécurité morale pour les nations, il n'y aura pas non plus de pro- duction matérielle abondante et même suffisante. Mais ceci n'apparaît pas comme une vérité. Aussi ne connaî- tra-t-on peut-être plus que de courtes suspensions d'armes. Ces réserves d'ordre général une fois faites, passons à l'examen du livre de Norman Angell. Un avertissement limi- naire, écrit spécialement par l'auteur (qui a résidé longtemps à Paris comme directeur de l'édition continentale du Daily- Maiï) pour le public français peut se résumer ainsi : il est un obstacle au relèvement économique de l'Europe : c'est la politique de la France. Par excès de méfiance envers son ennemi héréditaire, la France mène l'Europe et va elle- même à la ruine. Il est impossible de reconstruire en faisant une politique de répression, c'est-à-dire en voulant appli- quer le traité de Versailles. Donc révision immédiate de ce traité. La loi qui se dégage de cette guerre est celle de l'inter- dépendance économique des peuples ; « nous sommes tous économiquement solidaires les uns des autres», ditN. Angell. A cet égard, l'on ne peut que regretter que le traducteur ait cru devoir omettre le chapitre où l'auteur traite de la dépen- dance de la Grande-Bretao;ne vis-à-vis du continent : con- trairement à ce qu'il affirme dans son avant-propos, cela nuit à l'unité du livre ; on eût aimé serrer de près cette question. Si en effet les théoriciens anglais envisagent tous les pro- blèmes de la restauration européenne sous leur aspect éco- nomique, c'est que parmi les alliés, la Grande-Bretagne est beaucoup plus directement menacée que la France par exemple. On peut envisager à la rigueur une France se suf- lisant à elle-même. On peut même concevoir une politique économique française de vase clos, où une juste répartition des richesses nationales, une mise en valeur intensive de ses

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