Page:NRF 15.djvu/785

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seul vœu convient, celui qui appelle une édition complète de l’œuvre de Paul-Jean Toulet. De ce qui lui garantira en quelques hommes soucieux de la perpétuer toute sa durable existence.

JEAN PELLERIN


FEUILLES DE TEMPÉRATURE, par Paul Morand (Au Sans-pareil).

Vérification faite la Muse de M. Paul Morand a le pouls parfaitement régulier. Ce n’était qu’une fausse fièvre. Le papier des feuilles de température est finement quadrillé ; les points de repère y sont innombrables. Ainsi cette courbe de fantaisie avec les associations d’idées en guise de nœuds de ruban est tracée au compas. Elle part de Jules Laforgue, traverse Whitman et d’autres régions plus proches de nous et aboutira d’ici peu à M. Paul Morand romancier et auteur dramatique. Le carnet de notes impressionnistes a remplacé le recueil de sonnets par quoi l’usage voulait qu’on débutât dans les lettres. M. Paul Morand sait parler des banques, des usines, des bureaux, des affaires avec aisance et sans affectation, en homme depuis longtemps familiarisé avec la Compagnie des wagons-lits et des grands express européens. Trop intelligent pour prendre systématiquement le lecteur pour un imbécile, il évite d’avoir l’air de s’amuser à ses dépens. On n’ose plus prononcer le mot de mystification car il est pris au tragique par ceux-là mêmes qui font profession de ne rien prendre au sérieux. Il est pourtant une mystification qui peut passer pour un développement lyrique de l’ironie. Pour qui ne croit à rien du monde sensible, c’est une forme de la sincérité.

Voici à la fin de Mine d’or une des plus heureuses rencontres de M. Paul Morand :