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Page:NRF 15.djvu/931

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RÉFLEXIONS SUR LA LITTÉRATURE 925

faculté d'observation critique et de psychologie remarquable : cegenrede roman moyen fournità cette capacité moyenne de psychologie son domaine naturel. Le roman naturaliste n'aura pas laissé d'oeuvre d'art puissante, mais aucune époque, pas même le xviii^ siècle, ne sera éclairée de tous les côtés par une telle masse de documents sur les conditions et les milieux. Les frères Leblond ont pu écrire une Histoire de la Société Française sous la troisième République d'après les romans, et par- ticulièrement d'après ceux qu'avait produits la conception naturaliste. C'est une esquisse générale qui pourra être reprise dans chacune de ses parties. On souhaiterait par exemple une bibliographie analytique et complète des romans sur l'armée, ou sur l'Université, ou sur les bureaux.

Ce n'est donc pas seulement du groupe de Médan, mais de toute une suite de petits romanciers encore florissants qu'on pourrait dire avec MM, Deffoux et Zavie : « Quels documents pour les Maindrons de l'avenir et quelles res- sources pour ceux qui voudront étudier la seconde partie du xix« siècle ! Ces écrivains ont catalogué, de la fin du Second Empire aux vingt premières années de la République, toutes les classes d'une société en pleine transformation. Ils se sont efforcés d'établir le dossier vivant de leur temps. Et si, par excès de scrupules, il leur arriva d'accumuler dans leurs livres trop de documents humains — voire photogra- phiques — ils nous transmirent aussi sur cette époque bien des renseignements ou des aspects typiques qui, sans eux, ne pourraient aisément se reconstituer. N'est-ce pas souvent chez des petits-maîtres, chez un Restif de la Bretonne par exemple, que les dévots du xviii« siècle vont chercher, parmi tant de pages incolores aujourd'hui, parmi tant de bavar- dages, le pittoresque psychologique et l'atmosphère même d'un âge de transition ? »

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