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LETTRES AVEC COMMENTAIRES 39 1

Parlons du mariage de quatre cent treize mille francs ! Ce mariage n'a pas plus existé en projet qu'autre- ment. La mère de Charles le jour où elle apprit que M"" Talabardon avait quatre cent treize mille francs pro- venant de sa grand'mère qui était aussi sa marraine, se mit dans la tète que son fils valait bien une pareille fortune par son intelligence et sa distinction native et acquise. Elle émit cette pensée devant Charles plusieurs tois, et Charles prit l'air de l'écolier puni. Un jour il déclara à sa mère qu'il ne se marierait pas parce qu'il ne voulait pas devoir sa fortune à sa femme. Charles vint raconter à Anna Bourdin qu'on voulait le mariera quatre cent treize mille francs et qu'il refusait parce qu'il n'aimait qu'elle. Ajoutons pour être véridique qu'Anna Bourdin répondit : « Accepte toujours, mon chéri, tu ne serais pas le premier mari qui jurerait fidélité devant le maire avec une arrière-pensée amou- reuse. » Voilà que Charles écrit à Anna : « J'ai manqué pour vos beaux yeux un mariage de quatre cent treize mille francs ! » Voilà qu'Anna lui répond : « D'où venait cet argent ? de gains indignes, etc.. » jetant l'opprobre et le discrédit sur l'honorable famille des Talabardon .

Finissons-en. Qu'est-ce qu'Aristide ? qui était Aristide ? Quelles sont les relations d'Aristide avec Charles ? Aristide est propriétaire à Montfort-sur-Meu et membre de la fa- mille Talabardon. C'est par lui que Charles a connu Anna Bourdin : « J'ai une petite femme, mon vieux, si tu voyais ça... une femme du monde, du vrai monde et pas une petite mijaurée. Non ! une femme intelligente, pia- niste. » Pendant un temps Charles fut un tiers distrayant devant un couple qui s'ennuyait. Un jour il y eut des silences, Aristide comprit qu'il était devenu une gêne et comme il était obligé de partir pour Montfort-sur-Meu, il s'éclipsa en galant homme. Lorsqu'il revint de Montfort- sur-Meu il tomba chez Anna et dans ses bras. Charles qui n'est pas un imbécile devina ou comprit ; comme il avait à ce moment selon son expression un petit roman ailleurs,

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