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MONSIEUR SLUDGE, LE MEDIUM 461

maintenant ! Moi aussi, je puis raconter mon histoire ; entends-tu, sauvage ?... Tu as étranglé ta sainte mère, ce vieux chameau, dans un accès de colère tout pareil... non ! c'était... pour avoir cette maison qui lui appartenait, et plus d'un billet comme ceux-ci... En tout cas, je les empoche... cinq, dix, quinze... Oui, tu lui as tordu le cou ... ou bien tu l'as empoisonnée ! Au diable, l'animal î où donc avais-je la tête ? — J'aurais dû prophétiser qu'il mourrait dans un an et irait la rejoindre : voilà ce qu'il fallait faire !

Vraiment, je ne sais où j'ai la tête ! Qu'avais-je fait ? comment tout s'est-il passé ? — Ah oui ! Je lui ait dit qu'il l'avait empoisonnée, et que j'espérais que la grâce lui serait accordée de se repentir, sur quoi, il m'a cherché querelle, il a essayé de m'intimider et m'a traité de tricheur. Je l'ai rossé ! (qui m'en eût empêché ? ) il a crié grâce en hurlant^ m'a imploré à genoux de partir au plus vite et le sauver de la honte. Je le fais et, quand je suis parti, il me calomnie ... Assez parlé de lui ! Je recommencerai ailleurs ! Boston est un trou ; la mare aux harengs est large, les billets de cinq dollars ont leur valeur, la liberté davantage ... et puis, est-il le seul imbécile qui soit au monde ?

ROBERT BROWNING

(Traduction de Paul Alfassa et Gilbert de Voisins).

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