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568 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

jamais plus satisfaits qu'en apprenant le naufrage de l'Accord de Paris que le peu de rabais qu'il comportait par rapport au Traité avait suffi à nous rendre détestable ? On n'a peut-être jamais vu personne se féliciter aussi complaisam- ment que nous l'avons fait, de demeurer les mains vides. Mais c'est que nous avions remporté la seule victoire à laquelle nous fussions vraiment attachés, la seule vers la- quelle fussent dirigés dans le fond nos efforts : la fameuse Victoire du Droit. Nous avions contrecarré, annihilé les tentatives des Allemands pour se donner de l'air, pour éluder leurs obligations ; nous les avions ramenés en arrière, jusqu'au point où leur dette de nouveau apparais- sait évidente, incontestable.

Mais eux, de leur côté, ils n'ont de souci que de tuir ce point ; de toutes leurs forces, de tout leur instinct ils ne travaillent qu'à échapper. Ils n'acceptent, déjà dans leur esprit, rien de ce qui est arrivé, rien, même, de ce qu'ils ont pu être forcés un moment de reconnaître. Le paysage derrière eux se déforme, s'efface comme derrière un aéro- plane qui prend son vol. Les responsabilités de la guerre : il y a eu un moment où, sous la pression d'une nécessité constatée par leur Sachlichkeit inéluctable, ils les ont assumées; on leur demandait même un aveu écrit, para- phé : ils l'ont donné. Mais le temps a marché depuis ; des forces leur sont revenues ; un peu de sève a recommencé à circuler dans le grand arbre germanique. Pourquoi le passé ne bougerait-il pas, lui aussi ? Pourquoi ne se reformerait-il pas en arrière, en fonction du présent et à son image ? Pourquoi ne se produirait-il pas une Umgruppienmg, un regroupement de ses éléments ?

Et M. von Kahr, président du conseil de Bavière, s'écrie avec une impayable audace : « Nous protestons parce qu'on continue de rejeter la responsabilité unique de la guerre sur le peuple allemand. » Autrement dit : nous protestons parce qu'on veut que ce qui a été soit encore, nous protestons parce qu'on refuse d'admettre que nos

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