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NOTES SUR UN ÉVÉNEMENT POLITIQUE - 569

actes anciens participent à notre évolution générale et soient par elle transformables.

Au début de toute conférence, les Allemands s'attendent sincèrement à ce que l'ensemble des questions pendantes entre eux et les Alliés soit envisagé sous l'aspect d'un problème, et d'un problème entièrement nouveau ; ils ne peuvent, pour leur part, de par la forme même de leur cerveau, autrement le considérer ; ils ont un besoin cons- titutionnel de la table rase. L'allure juridique que nous donnons aussitôt au débat les déconcerte et les paralyse complètement. C'est certainement une impression très profonde, très « sentie » que M. von Simons a exprimée au moment de la rupture de Londres en déclarant : « L'at- mosphère créée par la menace des sanctions est défavorable à la discussion de nouvelles contre-propositions. » Il vou- lait dire : Il n'y a pas moyen pour nous de travailler, d'inventer dans le cadre où vous prétendez nous enfermer, et sous le signe de la justice abstraite '.

Je tiens à ce que ma pensée soit ici bien comprise. Je ne veux pas du tout insinuer que si nous laissions les Allemands reposer à leur guise le problème des réparations, ils nous en fourniraient aussitôt des solutions merveilleuses et où nous trouverions une entière satisfaction. Malheu- reusement, la fécondité de leur imagination pratique serait ici certainement combatue — comme d'ailleurs la Confé- rence de Londres ne l'a que trop fait voir — par leur incroyable lésinerie, par leur instinct chicanier, par leur affreux don de découvrir toujours le chemin du moindre devoir envers autrui. Ils n'iraient jamais spontanément jusqu'à une avance véritablement généreuse, jusqu'à

I. « Le point de vue allemand peut être ainsi défini: Une entente ne peut intervenir dans la question des réparations que si l'on discute tout l'ensemble de ce problème difficile, en étudiant sans parti-pris tous les arguments pour et contre et en reconnaissant à tous les intéressés des droits égaux. » (Berliiier Tagblatt, cité par le Temps du 2 avril 1921.)

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