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��LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

��J'emporte vaitiemeiit la fleur mystérieusî Qui dut lier nos cœurs l'un à l'autre jaloux ; Frêle embUme d'amour, sa couleur gracieuse Laissait eucor l'espoir et le ciel entre nous.

Devais-tu la reprendre à ma vie isolée ?

Son doux nom, tu le sais, consolait tua langueur

Et ta main, outrageant ma tristesse isolée,

Pour un front plus brillant l'arracha de mon cœur.

Ainsi, comme tes vœux, ta mémoire est volage : Toi, qui fais tant souffrir, tu ne t'en souviens pas. Sans mémoire à son tour, bientôt ce froid rivage Aura perdu l'empreinte et le bruit de mes pas.

��CHARLOT

Les Cahiers nouveaux (Mars) rappellent, à propos de ciné- graphie, l'un des films qui nous révélèrent Chariot :

Sur l'écran, Chariot venait de tomber entre les mains d'un poli- cenian qui le traînait au commissariat le plus proche. Et comme le cinéma fait toujours les choses très consciencieusement. Chariot était « traîné » au sens le plus littéral du mot, vers le châtiment mérité ; traîné par les pieds, allègrement, férocement, la tête ballottée au ras des pavés. Dans cette situation désolante il ne perdait pas une seconde son sang-froid. Il n'entendait pas renoncer pour si peu, à la richesse de sa vie intérieure.

Aussi, malgré le négligeable changement d'orientation de sa guenille humaine. Chariot, éternel poète, blasé sur le prosaïsme de la vie, aper- cevant une petite fleur sur son chemin, la cueillait délicatement au vol et l'épinglait avec précaution à sa boutonnière.

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��LE GERANT : GASTON GALLIMARD. AIÎBEVILLE. — IMPRIMERIE F. PAILLART.

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