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Pour savoir si la mer est indulente et bonne,

à quoi bon redire au cinquième

Pour savoir si la mer est indulgente et bonne.

Il n’en est pas moins vrai que les magnifiques pièces ajoutées aux autres, font, comme écrivait Sainte-Beuve sans savoir si bien dire, un tout autre effet[1]. Elles reprennent leurs places entre les plus hautes pièces du livre comme ces lames altières de cristal qui s’élèvent majestueusement, après les soirs de tempête et qui élargissent de leurs cimes intercalées, l’immense tableau de la mer. L’émotion est accrue encore quand on apprend que ces pièces n’étaient pas là seulement au même titre que les autres, mais que pour Baudelaire elles étaient tellement les pièces capitales qu’il voulait d’abord appeler tout le volume non pas les Fleurs du Mal, mais les Lesbiennes, et que le titre beaucoup plus juste et plus général de Fleurs du Mal, ce titre que nous ne pouvons plus désintégrer aujourd’hui de l’histoire de la Littérature française, ne fut pas trouvé par Baudelaire mais lui fut fourni par Babou. Il n’est pas seulement meilleur. S’étendant à autre chose qu’aux lesbiennes, il ne les exclut pas puisqu’elles sont essentiellement, selon la conception esthétique et morale de Baudelaire, des Fleurs du Mal. Comment a-t-il pu s’intéresser si particulièrement aux lesbiennes que d’aller jusqu’à vouloir donner leur nom comme titre à tout son splendide ouvrage ? Quand Vigny, irrité contre la femme, l’a expliquée par les mystères de l’allaitement

Il rêvera toujours à la chaleur du sein,

par la physiologie particulière à la femme

  1. Je n’ose plus parler des procédés de Sainte-Beuve à l’égard de Baudelaire ; j’ai appris en effet que j’avais été devancé par M. Fernand Vandérem lequel dans une remarquable brochure, en discutant d’une façon irréfutable des textes incontestés, a établi l’affreuse vérité.