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760 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Diintès commande une allée, Piquemil une coupure du terrain, Taille- magre le lit d'un ruisselet. Et, quand tous sont à leur poste, le chien est lâché sur la piste... Tout à coup, une bête passe, courte, basse, au galop. Le marcassin ! On se retient de tirer. L'autre n'est pas loin. Il a fait débûcher ce compagnon, soit pour le sauver, soit pour donner le change.

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��Après la chasse :

Au Piche-Hère ils vont manger et boire jusqu'à l'aube : et d'abord, le foie de l'animal grillé, un poulet sauté aux oignons, une cuisse d'oie et sa salade frisée et puis des crêpes, et du café arrosé d'armagnac, versé dans la tasse. Pour le vin, les convives vont le chercher au chai. Ils se lèvent entre les plats, goûtent à chaque tonneau, et reviennent à table, le verre plein. L'âtre flamboie à ce point qu'il n'est pas besoin d'allumer une lampe... Seul le chien garde la mesure. Après quelques os broyés, quelques croûtes de pain trempées dans la sauce avalées, il sort, va se nicher dans la meule. Cependant l'émoi de la chasse le pos- sède encore, et il hurle, par intervalles, en dormant.

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��NARCISSE

La Revue Universelle du i^"" Mai publie un fragment d'un poème en préparation de Paul Valéry, intitulé : Narcisse. Nous le reproduisons en rétablissant deux passages qui avaient paru antérieurement dans la Revue de Paris :

Que tu hriîles enfin, tenue ptir de via course !

Ce soir, comme d'un cerf, la fuite vers la source

Ne cesse qu'il ne tombe au milieu des roseaux,

Ma soif me vient abattre au bord même des eaux.

Mais, pour désaltérer cette amour curieuse.

Je ne troublerai pas l'onde mystérieuse :

Nymphes ! si vous m'aime^, il faut toujours dormir !

La moindre âme dans l'air vous fait toutes frémir ;

Même, dans sa faiblesse, aux ombres échappée,

Si la feuille éperdue effleure la napce,

Elle suffit à rompre un univers dormant...

Voire smntneil importe à mon enchantement.

Il craint jusqu'au frisson d'une plume qui plonge !

Garde\ moi longuement ce visage pour songe

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