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LES REVUES 76 1

Qu'une absence divine est seule à concevoir ! Sommeil des nymphes, ciel, ne cesse^ de me 7'oir I Rci'e:(, rh'ei de moi !... 5.ihj l'Ons, belles fontaines, Ma beauté, ma douleur, me seraient incertaines ; Je chercherais en vain ce qiu j'ai de plus cher. Sa tendresse confuse étonnerait m,i chair, Et mes tristes reg^ords, ii^nioranls de mes charmes, A d'autres que moi-même adresseraient leurs larmes...

Vous atfendie-, peut-être, un visage sans pleurs, Vous calmes, vous toujours, de feuilles et de Jleurs, Et de Y incorruptible altitude hantées, O Nymphes !... Mais docile aux pentes enchantées Qui ne firent vers voiis d'invincibles chemins, Soufirei ce beau reflet des désordres humains !

Heureux vos corps fondus. Eaux planes et profondes ! Je suis seul !... Si les Dieux, les échos et les ondes. Et si tant de soupirs permettent qu'on le soit ! Seul !... Mais encor celui qui s'approche de soi Quand il s'approche aux bords que bénit ce feuillage...

Des cimes, Tair déjà cesse le pur pillage ;

La voix des sources change, et vie parle du soir ;

Un grand calme m'écoute, où f écoute l'espoir.

J'entends l'herbe des nuits croître dans l'ombre sainte,

Et la lune perfide élh'e son miroir

Jusque dans les secrets de la fontaine éteinte...

Jusque dans les secrets que je crains de savoir.

Jusque dans le repli de l'amour de soi-même,

Rien ne peut échapper au rilence du soir ;

La nuit vient sur ma chair lui souffler que je l'aime.

Sa voix fraîche à mes vœux tremble de consentir ;

A peine, dans la brise, elle semble mentir.

Tant le frémissement de son temple tacite

Conspire au spacieux silence d'un tel site.

douceur de sui-vivre à la force du jour, Quand elle se retire, enfin rose d'amour. Encore un peu brûlante, et lasse, mais comblée. Et de tant de trésors tendrement accablée Par de tels souvenirs qu'ils empourprent sa mort, Et qu'ils la font heureuse agenouiller dans For, Puis s'étendre, se fondre, et perdre sa vendange. Et s'éteindre en un songe en qui le soir se change.

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