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82 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

brevet de sincérité et de noblesse. Il faut que le chantre des Humbles ait été vraiment un brave homme pour qu'il paraisse encore tel, à la lueur de la lanterne du C3nique, que M. Lan- toine braque sur les gens et les choses, avec une âpreté toujours juvénile.

Littérairement M. Albert Lantoine n'admire sans réserve que le Verlaine des premiers recueils, « ceux dont la fraîcheur de sentiments détonne parmi la froideur des Parnassiens. »

Il a raison de dire que les jeinies le portèrent au pinacle pour son manque de souffle et l'incohérence mystique de ses pensées. La Muse de Verlaine était charmante, même pîirmi les hoquets de rivresse, et son bégaiement n'était qu'un charme de plus mais on lui doit des milliers de mauvais vers « délicieusement faux exprès. » Il faut aimer Verlaine et détester les vers « verlai- niens ».

On doit le tenir pour le premier des chansonniers français dans le genre sentimental. Ses lieds sont les cailloux du Rhin et les pierres de Lune de notre littérature. La Romance de Verlaine n'est pas la demoiselle bourgeoise assise au piano, mais elle se souvient d'avoir été cela, avant que la vie ait fait d'elle, selon l'heureuse expression de M. Fernand Fleuret, « la phtisique émmwanfe qui chante dans les cottrs. » roger allard

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��LA MUSE AU CABARET, par Raoul Ponchon (Fas- quelle).

Quelques jeunes écrivains, impatients de secouer la tutelle du symbolisme, adoptèrent M. Raoul Ponchon pour l'opposer à M. Paul Fort, lors de la dernière élection du prince des poètes, où l'on vit {X)ur la première fois la sphère brillante oii les s^rcons de café raniment leur torchon servir d'urne élec- torale aux habitués de la Close/ ic. C'est M. André Salmon qui fut le plus ardent à brandir le nom de Raoul Ponchon comme un étendard de la révolte contre l'hégémonie des Lilas. Paris rive-droite vota pour Raoul Ponchon, Montparnasse se divisa, mais les jeunes revues provinciales donnèrent la couronne à M. Paul Fort.

Indifférent ;\ ce plébiscite littéraire, M. Raoul Ponchon con-

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