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NOTES 101

de tout ce qui concerne l'hébraïsme proprement algérien. Bornons-nous à signaler une seule hérésie, celle que M.me Rhaïs a commise au sujet de Souccot ou Fête des Tentes. Elle prend cette fête pour une commémoration de la sortie d'Egypte (page 11) alors que c'est la fête des récoltes dont le Deutéronome (xvi, 13-15) dit : « Tu célébreras la Fête des Tentes quand tu rentreras les produits de ton aire et de ton pressoir et tu te réjouiras pendant lu fête et avec toi ton fils et ta fille, ton serviteur et ta servante, le lévite, l'étranger, l'orphelin et la veuve qui seront dans tes murs. » Et bien loin ce soir-là de proclamer la supériorité des Juifs sur les Gentils (p. 12), il est prescrit, durant Souccot, d'offrir soixante-dix sacrifices expiatoires pour les « soixante-dix nations », pour tous les non-Juifs et pour le bonheur de l'Humanité.

Ce serait là faute vénielle si M.me Rhaïs avait interprété l'âme juive avec plus de perspicacité que les rites. Mais elle donne à ses Juifs une modestie, un mépris des choses d'ici-bas, un appétit de sacrifice qui sont purement chrétiens, mais qui jamais n'ont caractérisé les Juifs. Les héros de M.me Rhaïs ont de la grandeur, mais une grandeur qui n'a rien de judaïque. Sans com^pter les naïvetés de cette espèce : « Peu nombreux étaient ceux qui osaient contredire Rabbi Eléazar dans la version qu'il apportait des textes du grand Livre ^> (p. 5), comme si le propre d'un Israélite pieux, en matière d'exégèse biblique, n'était pas de discuter tout, fût-ce 2 et 2 font 4.

Le livre de M™« Rhaïs ne manque certes pas de talent : il est

vivant, grouillant et, s'il n'est presque jamais émouvant, il est

Iréquemment amusant et savoureux ; mais il ne contient par

malheur que la chose la plus insupportable peut-être — parce

que la plus insincère — de toute la littérature : un exotisme de

pacotille.

BENJAMIN CRÉMIEUX

                     * * * 

NOCTAMBULISMES, par Jean de Tinan, édition ornée d'un portrait de l'auteur par Maxime Dethonias et de dessins de Maurice Barraiid (Paris, Ronald Davis).

M. Francis Carco a eu l'idée de réunir en volume les chroniques publiées naguère par l'auteur à'Aiinicnne dans le Mercure de France et qui alimentèrent, concurremment avec celles de