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ses portes, aujourd’hui projet d’achat de La ruelle de Vermeer, la toile la moins bonne de ce maître. La ruelle ne rappelle en rien le métier raffiné de Vermeer; c’est une pochade, qui serait admirable, attribuée à un peintre moins fameux, mais qui n’est qu’une œuvre médiocre, signée de ce nom illustre, dont la mode semble vouloir enfin s’emparer. — Les partisans de l’achat invoquent la rareté de Yoccasion, comme si mille occasions moins onéreuses et plus profitables ne nous étaient offertes chaque jour ! Que l’exemple de V Atelier de Courbet, acheté beaucoup trop cher parce que tardivement, demeure présent à tous les esprits. — Notre xix^ siècle français est vraiment trop imparfaitement représenté au Louvre, qui ne possède pas assez de grandes figures de Corot, ni de ses paysages d’Italie ; où l’on ne voit presque pas de tableaux de chevalet de Delacroix ; oia, pour choisir plus près de nous, Seurat n’est pas encore entré, où Cézanne et Renoir sont pour ainsi dire absents. Si les Amis patentés du Louvre ont trois millions à dépenser, qu’ils emploient cette somme à combler les trous de notre école française, Jean Foucquet inclus. La dentellière est une œuvre suffisante pour représenter chez nous Vermeer, qui est de tous les peintres anciens le moins répandu. Non seulement le florin est trop cher actuellement pour notre maigre bourse, mais, encore une fois, La ruelle n’ajouterait rien, qu’un peu de ridicule, à notre collection nationale. Au moment où ces lignes paraîtront, l’irréparable sera peut-être, hélas ! accompli ; je les livre cependant pour que le public qui s’intéresse à ces choses sache qu’il est peu d’artistes qui n’aient souhaité l’abandon de ce projet, et qui n’aient désiré des critiques d’art responsables une opposition résolue à cet inutile et coûteux dessein.

ANDRÉ LHOTE



LA MORT DE SPARTE, par Jean Schlumberger (Editions de la Nouvelle Revue Française),

La Mort de Sparte met en scène un des sujets les plus beaux et les moins connus de l’histoire ancienne. De là une double difficulté. Il est dangereux de traiter un des grands sujets de l’histoire, et il est rare qu’un haut poète dramatique, averti par son instinct, s’y essaye : il craint pour son art la concurrence de la