Page:NRF 17.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lyS LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

câble passé dans le moufle et le noue minutieusement au fragment qui tient encore à la charpente. Quand il se retourne, il ne s'étonne pas de voir qu'on lui tend le mor- ceau de chevron dont il a besoin pour serrer le contre- nœud.

Ridai entré, regarde. Seul spectateur parmi ces quarante hommes dont la volonté tendue suit l'effort de ceux qui travaillent et dont le corps docile est prêt à faire le geste qu'il faudra. Spectateur inutile, son esprit tâche tumultueu- sement à saisir la situation. Il est submergé par la force des autres.

Un cri accentué suivant l'usage : Mon-tez. Les quatre hommes du treuil s'arc-boutent pour soulever les deux tonnes qui pèsent sur leur tambour. La masse s'ébranle et retombe sur ses cales comme le nœud se serre en grognant. Mon^tez 1 — Ridai, sombre et attentif, laisse passer le blessé que ses camarades emportent en cahotant .

��* *

��La vie coordonnée de la foule s'émiette et s'effondre en quelques secondes. Les porteurs s'arrêtent indécis, ne sen- tant plus l'action qui s'impose, empêtrés parmi leurs com- pagnons d'instant en instant plus serrés et plus gesticulants, tandis que l'énervement d'avoir échappé au danger et la joie ■de jouer un rôle dans une catastrophe se dépensent en un tumulte de voix qui monte et croît.

Ridai sursaute, arraché à sa réflexion tendue par une nécessité plus urgente soudain réalisée : les prendre en main. — Il commence à gueuler, et un fragment de phrase imprimée s'inscrit très nettement : ... et on fera éloigner immédiatement tous les cwieax.

On le voit de dos, plié en avant, faisant claquer sur sa main son mètre replié, en grands gestes scandant les rnots : « Foutez le camp, nom de Dieu !.... fainéants !...

�� �