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INAHILÉ IBATAN, TIRAILLEUR DAHOMEEN 321

emballée sur une descente. Je ne sais pas prévoir que, la courbe achevée, rien ne relancera plus la foi de mon ami. Je fais gauchement cette réponse :

Mon cher Inahilé,

Je te remercie de ta bonne lettre, mais je ne suis pas fâchée contre toi, comme tn le crains. Ces derniers soirs, j'étais seulement un peu fatiguée parce gue je ne pouvais pas arriver à bien faire travailler tous les élèves qui étaient plus nombreux que d'habitude. Il ne faut plus penser à cela.

Je te serre amicalement la main.

Je suis bien étonnée, le lendemain, — alors que trop faci- lement je suppose l'incident clos, — de recevoir une nou- velle lettre en retour de la mienne qui témoigne d'un état persistant d'inquiétude et de mélancolie. Pour qu'elle me parvienne dès le matin, par l'ordonnance qui avait emporté ma réponse la veille à 9 heures du soir, l'auteur l'a compo- sée la nuit, avec l'aide de l'ami blanc.

Ma chère Madame,

J'ai reçu votre lettre qui m' a fait plaisir , mais pas de savoir que vous êtes fatiguée ; je suis bien triste. Vous vous dévoue^ pour nous. Je ne sais comment vous remercier, mais il ne faut pas être fâchée si vos protégés ne comprennent pas toujours tout ce qu'ils doivent faire. Il faut les pardonner pour cela. Je toujours bonne gentil.

Je vous serre cordialement la main .

Je suis malheureusement plus agacée par l'odieux per- sonnage de dame protectrice, que me prête la lettre, que troublée par la détresse dont témoigne le signataire.

— Pourquoi n'as-tu pas écrit tout seul, au lieu de copier ces mots que tu ne comprends pas, comme « protégé », « dévoué » ? lui ai-je remontré à son retour à l'école.

— J'ai commencé la lettre tout seul, explique-t-il, mais j'ai plus trouvé les mots pour continuer... c'est pour ça. Madame.

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