Page:NRF 17.djvu/357

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 351

Chn'reaux meurtris, béliers fourbus, dans vos lumières Et vos tumultes, fai traîné...

La pipe des nuits de vaine ivresse, l'escargot des vacances pares- seuses, décorent le blason d'un poète qui rêvait la gloire :

Au bruit des vers que je chantais Je pensais vaincre les cites. ...Et qu'à Passy, charmante ivresse, Les chauffeurs sauraient mon adresse.

Mais les chauffeurs ne lisent pas de vers, et leurs patrons et clients guère davantage.

Bien qu'il essaye de plaisanter et de tourner sa propre peine en dérision, l'amertume des illusions perdues donne à ces élégies faussement ironiques une saveur touchante. Sous l'habit de campagne et les bottes du chasseur, ou sous le smoking de l'habitué des promenoirs, c'est le sombre cœur de Chatterton qui se révolte et qui pleure ; mais discrètement et avec le sou- rire, parce que Tristan Derême est d'une génération qui apprit la discrétion à ses dépens et sait que les poètes à transes et à trépied sont des articles d'exportation. Mais quiconque a l'esprit généreux et ferme ne se résigne pas d'un cœur léger à n'être que le poète de quelques-uns. Est-ce la faute à Derême, à Tou- let, à Jean Pellerin si le vulgaire s'en tient à la plate rengaine et la soi-disant élite à la loufoquerie consciente et organisée. Restent les chevauchées, à dos de bouc, à dos de chimère, qu'importe !

Rien ne vaut la belle aventure Et les espoirs toujours nouveaux...

Mais le bouc noir lui-même est un coursier décevant. Il ne sait- pas le chemin;des ferventes adolescences :

Nous attendions des héroïnes Qui dormissent sous des troènes Ou tendissent sur des terrasses Des lis verts et des branches rôtisses,

(remarquez en passant cette jolie et discrète satire du modern- style symbolard)

Et nous aurions chanté leurs lèvres Avec leurs fièvres dans nos livres Afin, défuntes nos jeunesses, Postérité que tu connusses

�� �