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352 LA NOUVELLE REVCE FRANÇAISE

Lei traits, les tresses, les détresses Atroces de us Biatrius.

Cet exemple est pour montrer, en outre, le parti que le poète sait tirer des plus secrets mystères de l'oblitération ; non pas tyran ni dompteur rigoureux, mais gentil accordeur des rimes adultères. Qjaand d'aventure le couple est mal assorti, c'est un tour de ce diable d'accent, revenu de Tarbes ou de Tou- louse. Mais à ces fioritures, on doit préférer tel adagio large et

simple :

Tu ne crois plus aux beaux cheieux.

Aux seins qu'une rose décore.

Et, le coeur morose, tu veux

Cependant les chanter encore.

Un beau regard, s'il te sourit. Tu le railles mais tu regrettes Ces printemps morts où ton esprit Etait plein d'étoiles secrètes.

Car Tristan Derême est de ceux qui se sont faits du génie poétique une idée si vaste et si belle, celle même d'un « univers sonore » et qui ne se consolent pas d'avoir découvert, un beau jour, qu'ils ont, « ténors naïfs u, pris la voix de leur jeunesse et celle du printemps, pour la voix même du génie. Et les chants amers qu'ils inventent pour se consoler sont justement les plus capables d'aller toucher les coeurs que le poète rêvaient naguère d'étonner et de conquérir de force.

ROGER ALLARD

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  • *

��LA COMPLAINTE DU CYPRÈS BLESSÉ, par FrajKois-Paiil Alibert (Pierre Polère, Carcassonne).

Pas plus que les derniers volumes de vers publiés par François-Paul Alibert, celui-ci ne semble avoir vaincu l'indiffé- rence de la presse. Alors que les moindres filets de lyrisme trouvent à se faire recueillir et vanter, ce beau fleuve coule à Fécart et son nom même n'est pas familier à tous ceux qui aiment les lettres. C'est qu Alibert vit dans une sévère solitude, une solitude imposée par le travail et la nécessité — non pas dans un de ces exils volontaires qui sont une coquetterie et un

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