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Page:NRF 17.djvu/39

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HYMÉNÉE ! 33
coup, elle s'est enfuie en criant : Il va me battre, il va me battre ! Le diable y comprenne quelque chose !

Kotchkariov. — Oui, parfois ça lui arrive. Elle est sotte.

Iaïtchnitsa. — Dites ? Vous êtes son parent ?

Kotchkariov. — Certainement.

Iaïtchnitsa. — Et à quel degré, peut-on vous le demander ?

Kotchkariov. — Ma foi, je ne sais pas. C'est la tante de ma mère qui était quelque chose à son père ou son père qui était quelque chose à ma tante. Cela, ma femme le sait. C'est son fort.

Iaïtchnitsa. — Et il y a longtemps qu'elle donne des signes de sottise ?

Kotchkariov. — Dès sa plus tendre enfance.

Iaïtchnitsa. — Il vaudrait certainement mieux qu'elle fût intelligente. Mais une sotte même a du bon pourvu que les articles supplémentaires soient bien en ordre.

Kotchkariov. — Mais elle n'a pas un sou vaillant.

Iaïtchnitsa. — Comment ça ? Et la maison de pierre ?

Kotchkariov. — Elle n'a que la renommée d'être en pierre. Si vous saviez comment elle est construite ! Les murs n'ont que des parements de briques entre lesquels il y a toute sorte de saletés : des gravois, des copeaux, des rabotures...

Iaïtchnitsa. — Que dites-vous ?

Kotchkariov. — Assurément. Ne savez-vous pas de quelle façon, on construit aujourd'hui ? Rien que pour avoir gage sur quoi emprunter.

Iaïtchnitsa. — Pourtant la maison n'est pas hypothéquée ?

Kotchkariov. — Qui vous l'a dit ? Elle l'est. Et même, les intérêts ne sont pas payés depuis deux ans. Et, au Sénat, il y a un frère qui guigne la maison. Le monde n'a jamais produit un plus grand plaideur. Il arracherait sa dernière jupe à sa propre mère, le mécréant !