HYMÉNÉE ! 37
Kotchkariov, se laissant tomber sur une chaise. — Je défaille. Je sens que si je me remets à rire, j’y perdrai la vie.
Jévakine. — La gaieté de votre humeur me plaît. Il y avait dans l’escadre du capitaine Bôldyriov un enseigne nommé Piétoukkov, Antone Ivànovitch ; lui aussi était d’humeur joyeuse. Parfois, il n’y avait qu’à lui montrer le doigt, il se mettait aussitôt à rire. Et, je vous jure qu’il riait jusqu’au soir. Et à le voir faire, soi-même à la fin, on se prenait à rire.
Kotchkariov, reprenant sa respiration. — Oh, Seigneur, ayez pitié de nous, pauvres pécheurs ! Ce qu’elle avait imaginé la vieille folle ! Est-elle capable de marier quelqu’un ? Tandis que moi, je marie qui je veux.
Jévakine. — Vraiment ? Vous pouvez, sans plaisanterie, faire des mariages ?
Kotchkariov. — Je crois bien. N’importe qui avec qui vous voudrez.
Jévakine. — Alors mariez-moi avec la maîtresse de céans.
Kotchkariov. — Vous ! Pourquoi voulez-vous donc vous marier ?
Jévakine. — Pourquoi ? Voilà, permettez-moi de le remarquer, une question un peu étrange ! On sait pourquoi on se marie…
Kotchkariov. — Mais vous venez de l’entendre, elle n’a pas un sou de dot.
Jévakine. — À l’impossible nul n’est tenu. Evidemment c’est triste. Mais avec une si aimable fille, on peut vivre sans dot. Une petite chambre (Il la circonscrit de la main) une petite antichambre, un petit paravent ou une autre petite cloison quelconque…
Kotchkariov. — Qu’est-ce qui vous a tant plu en elle ?
Jévakine. — À franchement parler ce qui m’a plu, c’est qu’elle est en bonne chair. Je suis très amateur de l’embonpoint féminin.