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43 8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

pouvoir ne peut rien. Un S3'^stème où les esclaves travaillent seuls est condamné à la conquête continuelle, et périt par l'extension des fronts de combat. Aussi voyons-nous que la force armée est toujours attentive à protéger la propriété, les marchés, les juges et les lois, afin d'établir et de con- server le Crédit. C'est par ces lois inflexibles que les rois furent dans la dépendance des banquiers. Tel est le jeu des pouvoirs en tous les temps. Et l'idée d'égalité se main- tient dans les relations de société malgré les efforts de l'am- bition, universelle parce qu'il faut vivre d'abord. Le droit de Grève exprime donc cette profonde vérité que sans la bonne volonté des travailleurs il n'y a point de richesse pour personne. Et le machinisme ne remédie point à cela, bien au contraire. Car la vengeance de l'esclave devient de plus en plus facile et redoutable ; mais surtout l'esclave n'a point d'idées, et l'industrie ne marche pas sans ces idées ou initiatives qui naissent à chaque moment de l'attention. Ainsi meurt et mourra le régime tyrannique dès qu'il s'at- taque à l'Economique. Et ce n'est point par hasard que les prolétaires sont partout les défenseurs du droit et de i;i paix.

DE LA PRÉVENTION

On s'étonne trop, surtout dans la jeunesse, qu'un homme ne soit pas disposé à changer d'opinion sur de fortes preuves auxquelles il ne peut pas répondre. Il est bientôt, dit que ce sommeil d'esprit accuse lâcheté et pa- resse ; mais ce n'est qu'à moitié vrai. L'homme pense tou- jours plus qu'on ne croit ; et la prévention est souvent voulue, comme par un serment à soi-même. Voulue pour elle-même ; l'homme est naturellement dogmatique ; l'état errant de l'esprit lui est insupportable. Le doute n'est point à portée de tous ; il suppose un centre de doctrine ferme. Le vide de l'esprit laisse rentrer aussitôt des croyances con- fuses et incohérentes, et c'est une raison de ne pas aban- donner facilement ce qu'on a coutume de considérer

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