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NOTES

��CRITIQUE ET HISTOIRE LITTÉRAIRE

LINGUISTIQUE HISTORIQUE ET LINGUISTIQUE GÉNÉRALE, par A. Meilkt (Champion).

Le tnaître de philosophie. La voix U se forme en rapprochant les dents sans les joindre entièrement, et allongeant les deux lèvres en dehors, les approchant aussi l'une de l'autre sans les joindre tout à fait : U.

Monsieur Jourdain. Quand tu dis U, qu'est-ce que tu fais ?

Nicole. Je fais ce que vous me dites.

Monsieur Jourdain. Oh ! l'étrange chose, que d'avoir aflaire à des bêtes ! Tu allonges les lèvres en dehors, et approches la mâchoire d'en haut de celle d'en bas : U, vois-tu ? Je fais la moue : U.

On rit. Le linguiste rit aussi. Mais un regret le pince : l'ensei- gnement du xviie siècle savait donc décrire l'articulation des sons du langage ? Et le collégien de nos jours sait-il de phoné- tique autre chose que ces scènes qui font rire de la phonétique ?

Pourtant la science du langage a la part plus belle aujour- d'hui qu'au temps de Molière; un grand livre de méthode, comme le recueil d'articles que M. Meillet vient de consentir à réunir, permet de la mesurer. La linguistique n'est plus rangée dans une des multiples cases de l'armoire à malices où puisait le maître de philosophie à la mode aristotélicienne de vingt siècles après Aristote; elle a sa place dans les sciences, ses méthodes, son vaste domaine que désormais un seul cerveau peine à embrasser tout entier. La période cartésienne avait peu fait pour l'étude du langage : le raisonnement, la logique, voire l'expé- rience, y étaient sans efficace. L'époque des sciences historiques et naturelles a donné l'essor à la linguistique. L'intérêt pour les langages présents et passés de chaque pays européen, des

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