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NOTES 467

Henri Duvernois, demeurant un romancier de la grande tradition réaliste, a devancé les poètes du modernisme qui arrangent en symphonie le dernier cours de la bourse et les dépê- ches de la Cote Auxiliaire.

Henri Duvernois a écrit Edgar. Jamais peut-être parfait ouvrage comique n'avait si bien donné à pleurer. Je ne peux plus voir un petit ours de peluche sans songer à tant de vaines postérités. Et quand Marie Pelatz, qui redit cela sans s'en fati- guer, articule « censément », c'est comme si j'entendais « ainsi soit-il ».

J'aime bien que Duvernois ait tenté l'œuvre d'art qui ne soit pas absolument fermée au plus vaste public. Son dernier ouvrage, la Brebis galeuse, continue parfaitement Edgar et donne le désir qu'un personnage de la qualité du peintre de génie en exil rue des Lions Saint-Paul, mari répudié de la nouvelle riche M°^ Aguilaneuf, figure bientôt au centre d'une épopée pari- sienne, réplique du Faubourg Montmartre où crève la romance — entendue une fois encore ! — sur le paillasson d'une créa- ture suspecte. andré salmon

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LES PROPOS RUSTIQUES, de Noël du F«//, introduc- tion pzï Jacques Boulenger (Bossard),

Noël du Fail, ou le neveu de Rabelais chez les bons ména- gers d'Olivier de Serres.

C'est entendu : Maître François demeure l'unique. Il emporte tout par cette impétuosité de verve qui semble la jovialité ayant pris feu. L'autre n'a pas ce jet, cette fougue, ni sa langue tantôt la forte plénitude, tantôt le tour net et coupé dans le vif.

Mais quel engageant compagnon gai, preste, hardi, riant. Ce Breton manifeste déjà les humeurs qu'aura son compatriote, le Francion de Sorel. Ecolier, et dissipé, puis piéton des guerres d'Italie, Du Fail, dont M. Jacques Boulenger trace un net profil, commença sa carrière d'homme de jùdicature en 1548. Or c'est environ ce temps qu'il donne ses Propos Rustiques, et ce livre charmant sent à la fois son leste bachelier et son sage et bien avisé conseiller au Parlement de Rennes.

Dans les verts prés où les jeunes font « exercice d'arc, de luttes, de barres », des preud'homraes assis sous un large chêne,

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