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RÉFLEXIONS SUR

LA LITTÉRATURE

��DU ROMAN ANGLAIS

Sous ce titre Le Roman anglais de notre temps, M. Abel Che- Yâlley publie à Londres une courte histoire du roman anglais à laquelle on ne saurait faire que l'honorable reproche de brièveté excessive. Nous n'avons pas en France d'histoire du roman français, mais un critique anglais éminent, M. Saintsbury, en a écrit une, fort copieuse, où l'optique étrangère, parfois origi- nale, éveille et surprend utilement le goût d'un Français. Une Histoire du Roman Anglais écrite par un Français ferait, de l'autre côté de l'eau, une figure symétrique à VHistoi-y of the french novel. Certes le roman puise une de ses raisons d'être dans l'ac- couchement et l'éclaircissement des caractères nationaux, dans la mise au jour d'une Angleterre, d'une France, d'une Russie plus authentiques que les vraies ; il est le principal truchement qui fasse connaître les peuples les uns aux autres. Mais en même temps il tend à devenir un genre de plus en plus international : l'effacement automatique et général de la poésie devant le roman, dans toutes les littératures d'aujourd'hui, s'explique de bien des façons un peu comme le passage, pour l'écrivain, d'un petit public à un grand public. Il se passe là quelque chose d'analogue à ce que Brunetière, dans la littérature du xvii^ siè- cle, appelle la victoire des genres communs. Un poète, surtout un poète lyrique, est borné à son pays, il ne se traduit pas. Un romancier, s'il trouve un bon traducteur, ne perd que peu à la traduction. Et la traduction même n'est pas nécessaire pour lui créer un public international.

Elle n'est pas nécessaire pour un Anglais. La propagation de

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