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6l2 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

mère. Ses affaires marchant mal, il est vendu et il va se trouver à la rue, quand le frère vagabond, rentrant au bercail fortune faite, rachète généreusement ses biens, le sauve de la ruine et le marie à sa fille. Une musique de scène accompagne ces émou- vantes péripéties et la phraséologie sentimentale de l'auteur. Aux entrées des personnages, à leurs sorties, aux moments qu'ils prononcent leurs répliques les plus marquantes, quelques coups de cymbales bien appliqués se font entendre, pour mieux attirer l'attention du spectateur. C'est la seule façon, je crois bien, dont l'œuvre de MM. Bureau-Guéroult et Fourdrain aura fait du bruit et il est à craindre que leur Etemel amour soit bien pas-

��sager.

��J'ai vu ensuite, au Gymnase, une autre pièce. Petite Reine, tirée, paraît-il, d'une pièce anglaise, et qui a quelques côtés d'amusement, tout en étant une chose assez insignifiante. Ima- ginez un personnage de vieil antiquaire prétentieux et ignorant, qui vit dans l'émerveillement des pièces uniques qu'il croit pos- séder, et qui n'a chez lui, en définitive, que des faux et des tru- quages. Sa fille, qu'il a élevée dans ce décor, comme une petite reine, aime tout bonnement le commis de la maison et est aimée de lui. Le père se récrie, la mère est indulgente et natu- rellement cela doit finir par un mariage au troisième acte que je n'ai pas vu. M. Harry Baur, qui joue l'antiquaire, est un comédien à la fois excellent et bien agaçant. M. Victor Bou- cher, qui joue le rôle du commis, a toujours sa drôlerie. J'ai retrouvé là, avec surprise, M. Janvier, dans un personnage insignifiant... Qui nous aurait dit, il y a vingt ans, que nous verrions un jour M. Janvier dans des rôles de cette sorte ?

Les pièces de MM. François de Curel, Henri Lenormand et Fernand Nozière n'ont pas porté chance à la Coopérative des auteurs dramatiques que M. Rodolphe Darzens avait accueillie au Théâtre des Arts. Qu'on ne croie pas, quand j'écris cela, que j'y mets de la malice. Les pièces de M. François de Curel ont beau me faire joliment rire, celles de M. Henri Lenormand n'être neuves qu'en apparence, — sans compter leur manque d'intérêt général, — et celles de M. Nozière n'être qu'habileté scénique, je ne demande pas qu'on ne les joue pas et je ne me réjouis en rien de voir disparaître l'association dramatique qui les a jouées. Je pense même, au contraire, qu'il y avait là une

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