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NOTES 631

d'un coup de bâton, le ficelle solidement, et va quérir la maré- chaussée. La jeune Francine, contiée aux soins de son défen- seur, qu'elle nomme puérilement son parrain, devient finalement sa maîtresse. Le marquis du Hoqueton, d'autre part, rêve de jouer un rôle politique, et se présente à la députation avec un programme libéral, dont il faut lire l'argument comique. Il triomphe, soutenu par le Clergé, et fait jouer à Francine, qu'il convoite, un rôle de figuration dans une fête organisée par son parti. Séduite par les honneurs autant que par les façons cava- lières du marquis, Francine s'abandonne à celui-ci. Mais Théo- dore Maral, mis à contre-cœur dans la combinaison « libérale », surprend le manège des nouveaux amants, fait sauter le toit qui les abrite et les ensevelit sous les décombres. La dernière scène, admirablement conduite, me paraît être une des plus sai- sissantes du roman contemporain.

Autour de cette intrigue que je simplifie à dessein pour n'en montrer que l'armature, en elle-même assez rude et banale, André Salmon a groupé comme par gageure des personnages disparates, auxquels on pourrait reprocher un relief trop uni- forme, si l'intention de l'auteur n'était manifestement d'animer chacun d'eux d'une vie propre et indépendante, pour les faire moins concourir au romande Théodore Marat qu'à celui de Châ- teau-Briard. Il y a un poète-cordonnier, nommé Tabouret, qui trompe avec une goton le capitaine Pajou ; un mylord assassin de sa femme, qui vit paisiblement, entouré d'une timide et mal- saine curiosité ; une marquise du Hoqueton, troublante comme une héroïne du temps d'Elisabeth Tudor ; un juge qui est aussi l'auteur d'une Critique Morale du Vaudeville français, laquelle peut passer pour une excellente satire des élucubrations de cafés littéraires ; un évêque et son chanoine, que l'on dirait peints par Stendhal ; il y a la Cataud, dite aussi la Princesse Crus- tacée ou la Langouste-Humaine, qui n'a que quatre doigts en forme de pinces de homard, et qui est trop forcée ; il y a les gendarmes et leurs femmes, et, enfin, le Bourreau, qui remplit tout un chapitre. Il est à remarquer que, depuis ses premiers vers, André Sahuon a des prédilections pour les bourreaux et la guillotine : c'est un aristocrate... Mais, que dis-je, il y a encore les reporters d'exécutions capitales, des journalistes et des écri- vains de Paris — toujours Paris ! — parmi lesquels on recon-

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