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630 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

tre des rues du Genou, des Miches-Saint-Etienne, du Porchas, Bisaiguë, Rebourse, de l'Escovette, de la Porte-aux-Truyes, ou des Vilains-Bonshommes » : il a vite découvert les cafés... Il y a le Café Chéri, le Café Halopel, le Café Mahulot, et le Café de la Comédie, comme à Paris la Rotonde, le Café de Flore et les Deux-Magots.

Je ne veux pas dire qu'André Salraon éprouve à ce point la nostalgie des cafés où vécurent la plupart de ses personnages de roman, où s'élaborèrent tant de manifestes littéraires, où se ren- contrent encore les artistes, et où travaillait Moréas. Et même je le félicite d'avoir osé copier la réalité, qui fait du Café le centre de la vie moderne : car le Café s'est substitué à l'antique agora, à la place publique du théâtre classique, et l'on ne voit plus guère les hommes se réunir en plein air pour discuter les affaires du jour qu'en Italie et dans les pays méridionaux. C'est donc là que, sans avoir besoin de recourir à plus de complication, l'auteur campera au repos la plupart de ses personnages, et là qu'il tien- dra les fils de l'intrigue. Je devrais dire des intrigues, car ce roman, qui paraît au premier abord manquer de composition, contient au moins quatre intrigues séparées, qui finissent par se rapprocher ou s'enchevêtrer pour concourir plus ou moins à l'action générale. Ce n'est pas sur ce point que les derniers défen- seurs du ce roman provincial » chicaneraient André Salmon. Il a noté avec beaucoup de perspicacité qu'un scandale de petite ville ne grandit jamais seul, que l'amour y appelle l'amour, comme au lieu innommé où se déroule la Célestine ; et c'est moins le roman de l'Entrepreneur Marat que le roman secret de Château-Briard et de ses environs.

Quant à l'intrigue centrale, la voici en peu de mots. Le citoyen Théodore Marat, membre du Clu-bdes Jacobins, collec- tionneur passionné des friperies de la Révolution, et de sa pro- fession artificier, est appelé au château du marquis du Hoqueton pour s'entendre commander un feu d'artifice chinois par le gen- tilhomme grotesque, mais ambitieux et roublard. En retournant à Château-Briard, Théodore Marat surprend un drame sauvage entre une vieille foraine, nommée La Cataud, et le trimardeur Farigou, qui vient de violer Francine, fille de ladite Cataud. Théodore Marat n'arrive pas à temps pour empêcher l'assassi- nat de la courageuse et terrible vieille, mais il étourdit le satyre

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