Aller au contenu

Page:NRF 17.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE SECRET DU POLICHIiNELLE

��Pour Henri.

��I

��Victor était amoureux depuis une quinzaine. A la fin de juin, une jeune fille très jolie avait surgi au coin de la rue : déiste et cause-finalier, Victor ne doutait pas que l'Éter- nel ne la lui eût envoyée pour illuminer son prochain anniversaire.

Il l'apercevait tous les jours trois fois, et ne demandait rien de plus.

Lorsqu'il partait à l'école, elle ouvrait sa fenêtre. et se montrait dans sa robe bleue : sa forme serrée, féminine déjà, troublait un peu l'enfant, surtout si, se penchant pour sentir la plus fraîche rose à son rosier blanc, elle laissait se gonfler sa jeune poitrine. Elle ne le regardait pas, il la regardait avec sécurité. Toute la matinée, il savourait avec ravissement son souvenir.

A midi, elle n'était plus là. La vitre fleurie, les lueurs des murs et des tuiles, la verdure de la pelouse, l'éclat du jardin violet et rouge, la lumière de l'acacia dépo- saient seuls leur beauté dans la mémoire du faiseur de rêves.

Quand il repassait, la bien-aimée en blanc, mi-assise et mi-couchée sur une chaise longue, lisait dans un livre.. La curiosité timide de Victor allait caresser un vase, un

�� �