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CHRONIQUE DRAMATIQUE


Gymnase : Amants, comédie en 5 actes, de M. Maurice Donnay.

Ubu-Roi, par Alfred Jarry, avec les croquis de l’auteur et une préface de Jean Saltas (Fasquelle, édit.)

Le Gymnase a repris Amants, de M. Maurice Donnay. Je me rappelle un médaillon de Jules Lemaître, évoquant M. Maurice Donnay au temps du Chat noir, semblable alors à un mandarin annamite, devenu depuis l’auteur d’Amants, qui était son chef- d’œuvre et qui était peut-être un chef-d’œuvre, quelque chose comme la Bérénice de notre temps. La page était jolie, gracieuse, ondoyante, nuancée, un peu sceptique, pleine de toute la finesse intelligente de Jules Lemaître. Vingt-six ans ont passé depuis la première représentation d’Amants. Si cette pièce est restée le chef-d’œuvre de M. Maurice Donnay, est-elle un chef-d’œuvre ? Voilà ce que je ne me mêlerai pas de rechercher ni de décider. Je ne sais trop, d’ailleurs, je l’avoue, ce qu’est un chef-d’œuvre. Il y en a tant, fermement reconnus comme tels, qui sont pour moi le vide, l’ennui le plus profond ! Ce que je puis dire, c’est qu’aujourd’hui encore la pièce de M. Maurice Donnay nous touche, qu’elle a gardé de la vérité et que nous pouvons, hommes et femmes, retrouver une part de nous-mêmes dans ses personnages. Le dialogue lui-même n’a vieilli en aucune façon. Sobre, juste, merveilleusement suggestif dans le domaine du sentiment et de la passion, donnant plus à entendre qu’il n’exprime, il semble écrit d’hier. Vingt-six ans ont donc laissé ces mérites intacts. Est-ce une épreuve suffisante et peut-on en conclure que ces mérites resteront tels désormais ? Alors, Amants est un chef-d’œuvre, pour les gens que ce mot intéresse.

On connaît le sujet. Nous sommes dans la société parisienne