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80 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Puis une étoile filante glissa, que Marceline seule vit.

— Tu as fait un souhait ? demanda-t-elle à Victor.

— Je ne crois plus à cela, dit-il brutalement. Et puis, qu'est-ce que je souhaiterais ?

— Tiens, chuchota-t-elle, quand on a rien à souhaiter pour soi, on souhaite pour les autres.

Elle souriait, de ce sourire si doux qu'il lui rendait un peu de grâce. Victor se repentit de sa méchanceté, et pour- tant il ne put s'empêcher de la répéter.

— Moi, je ne crois plus à cela.

— Tu es si savant, murmura Marceline avec un peu de moquerie, c'est des contes de bonne femme à présent...

Le cœur du jeune garçon se resserra. Il répliqua tout droit :

— Toi non plus, tu n'y crois pas. Alors, pourquoi veux-tu que j'y croie ? Ça t'amuse que je fasse la bête ?

— Tu as du chagrin ?

— La vie me répugne, répondit-il.

Elle le regarda prête à pleurer, il la regarda avec une cruauté provocante. Puis larmes et défi disparurent de leurs yeux pareils, et entre les paupières qui battaient, leurs deux âmes se reconnurent.

— Un peu de courage ! dit Marceline. •

Le dessert circulait. Chacun était content, M. et M"^ Saintour doublement à cause de la satisfaction visible de leurs convives. Et tous cherchaient comment manifester cette fierté familiale.

— Victor va nous réciter quelque chose, proposa l'oncle Alfred.

Victor redevint livide. Mais la tante Marie s'écria gaie- ment :

— Oh, Marquise ! qu'est-ce que tu fais ?

Lucienne avait repoussé sa petite assiette à gâteaux et disposé sur la nappe les trois cailloux et la fleur de troène. Ses yeux brillaient, et des myriades de mots luisaient sur ses lèvres.

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