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RÉFLEXIONS SUR LA LITTÉRATURE 87

Técoîe, c'est donc que la doctrine de l'école, 1-e didactisme de l'écoîe avaient une ricîiesse intérieure et que le couteau intel- lectuel portait bien au joint d'une articulation de la béte à découper. Au contraire de ce qui se passe souvent, ces œuvres sont d'autant meilleures qu'elles se tiennent plus près du prin- cipe de l'école, d'autant plus faibles qu'elles s'en éloignent davantage. VŒiivre des Athlètes qui est la plus manquée et la plus froide d€ celles de M. Duhamel, en est aussi la moins una- nimiste. Mais nous sentons bien les canaux souterrains par lesquels le vieil unanimisme de Compagnons vient vivifier les belles pages de Civilisation et l'attachante Confession de Minriit. Il serait cependant bien extraordinaire qu'un point de vue aussi particulier que celui de l'unanimisme eût été commun, authentiquement et sans artifice, à tout un groupe d'écrivains, de poètes, dont les tempéraments dilïèrent par ailleurs si profon- dément. En réalité il n'y a qu'un unanimiste intégral, qui est M. Romains. Il possède seul le tour d'esprit qui fait sentir et connaître les choses et les êtres sous l'angle de la vie unanime. Au contraire de M. Duhamel il n'a jamais su réaliser des indi- vidus. Peut-être l'un et l'autre viennent-ils de deux points opposés, et ne se sont-ils rencontrés qu'artificiellement dans l'unité d'une école. Les Copains et Compagnons ont beau naître dans le même milieu, sous k même doctrine et la même idée préconçue, nous n'en voyons pas moins qu'il n'y a dans les Copains qu'une réalité, le groupe et la conscience de groupe, la destruction ou la construction de cette conscience, tandis que Compagnons a pour centre, assez romantiquement, la per- sonne du poète. Comparez également deux œuvres aussi paral- lèles : Manuel de Déification et Possession du Monde. Autant le moi laisse dans la première toutes ses valeiu's se transposer automatiquement en valeurs de groupe, autant il apparaît dans la seconde tyrannique, envahissant, gênant pour autrui. Pos- session du Monde me rappelle les thèmes à' Amoureuse. Un beau livre d'amour, a-t-on pu dire. Soit, mais comme cet amour manque de virilité et de pudeur ! Comme il foisonne en indis- crétion ! Nietzsche cite ce mot d'une petite fille à sa mère : <c Est-il vrai que le bon Dieu soit partout ? Je trouve cela indécent. » La personnalité qui ne se révèle que par un désir de se répandre partout, par une possession universelle, cette

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