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6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

tempérament français en particulier qu'aux habitudes de la pensée mondaine de tout temps et de tout pays. Mais les gens du monde ne sont pas seuls en cause. Nos spécialistes, nos savants, nos informateurs qualifiés sont aujourd'hui comme hier beaucoup trop lents à s'apercevoir de ce qui se passe hors de chez nous '. Les uns pèchent par paresse, d'autres par suffisance, d'autres par mauvaise foi. S'ils avaient la fermeté de « tenir le coup » jusqu'à la fin, leur attitude ne manquerait pas d'une certaine élégance. Le mépris constant des « barbares » et de leurs inventions n'est pas ce qui séduit le moins dans la Grèce ou la Chine d'autrefois. Mais non. Un beau jour, ils Lâchent pied. Ils cèdent à la vogue, comme à une panique. Ils ont ignoré et dédaigné tout le temps qu'il y avait mérite à connaître et à estimer au juste prix. Leur aveuglement cesse soudain sur une sommation de l'opinion commune. L'Institut s'ébranle trois mois après Je sais tout.

La Nouvelle Revue Française, qui ne se pique d'être ni l'un ni l'autre, n'en a pas les obligations. Si elle parle aujourd'hui des travaux de Freud, ce n'est point pour les signaler à. ses lecteurs, qu'elle suppose déjà avertis, ni pour faire chorus avec les voix de la mode. Mais il vient de paraître en français la première traduction de Freud qui soit importante ^ Les honnêtes gens qui l'ont lue trouve- ront légitime qu'on s'occupe ici d'un ouvrage de cette valeur et de cette portée. Ceux qui ne l'ont pas lue penseront avec nous qu'il y aurait de l'affectation à attendre que Freud soit passé de mode pour parler de lui.

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��L'ensemble des travaux de Freud et de son école a été groupé par Freud lui-même autour de la notion et sous

1. Et chez nous aussi, pourrais-je ajouter ; mais je veux être aimable, et c'est affaiblir les reproches que de les accumuler.

2. Introduction à la Psychanalyse. Trad. S. Jaakélévitch (Payot).

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