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NOTES 237

LES ARTS

LES PEINTRES FRANÇAIS NOUVEAUX. — MAU- RICE UTRILLO, par Frmicis Carco.

Francis Carco n'est pas seulement Mon Homme, le héros du soir des revues de music-hall, c'est aussi un poète qui sait trouver des mots inquiétants et des accents désolés tout au fond d'un « cœur qui s'écœure ».

Il appartenait à l'auteur des Scènes de la Vie de Montmartre d'évoquer l'ombre incertaine de Maurice Utrillo, l'enfant perdu de la Butte, cette ombre qui, glissant parfois sur le mur du petit cimetière de la rue des Saules, troublait la solitude amou- reuse des couples attardés. Peintre de Montmartre, Maurice Utrillo l'est aussi d'une banlieue mélancolique et grise et des villages arides du nord de l'Ile-de-France. Il possède un don d'évocation tragique et les couleurs de sa palette ne sont pas sans danger. Il n'aime pas la figure humaine et presque tous ses tableaux sont des paysages : cours de casernes, rues étroites et sombres, coins de Paris sous la neige. Certaines toiles de son avant-dernière période, la plus abondante — elle comprend, dit son biographe, près d'un millier de toiles faites en trois années — certaines toiles ont un sinistre reflet d'exécution capitale. Le petit jour descend. On croit voir la guillotine, les bras au ciel. On croit entendre au loin le roulement suprême des tambours voilés de crêpe.

Toutes les œuvres de Maurice Utrillo ne sont pas dues au » tremblement des mains dans l'alcoolisme » dont parlait Lau- tréamont, mais il y a quelque amertume à penser que les meil- leures furent faites dans les maisons de santé oià leur auteur fut mené, de temps en temps, par le délire alcoolique et qu'elles sont l'expression des désirs et des rêves d'un pauvre malade qui

ne peut s'évader.

MARIE LAURENCIN, par Roger Allard (Editions de la Nouvelle Revue Française).

Habile aux jeux de grâce, l'amazone Marie Laurencin ne par- donne leur sexe aux poètes que parce qu'ils l'ont chantée. Nar-

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