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390 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

��Chamber Music.

Son premier ouvrage est un recueil de trente-six poè- mes, dont aucun ne remplit plus d'une page. (Cette pla- quette parut en mai 1907. A première vue, c'étaient de petits poèmes lyriques ayant l'amour pour thème principal. Cependant les connaisseurs, et notamment Arthur Symons, virent tout de suite de quoi il s'agissait.) Ces courts poè- mes présentés modestement sous le titre de Musique de Chambre continuaient, ou plus exactement renouvelaient une grande tradition : celle de la chanson élizabéthaine. (Cet aspect de l'époque littéraire, la plus glorieuse de l'An- gleterre, nous est trop souvent caché par l'éclat et le pres- tige des dramaturges, et nous ne savons pas assez que les chansons dont Shakespeare a orné quelques unes de ses pièces sont des échantillons (et souvent des chefs-d'œuvre) d'un genre qui eut à la même époque une grande quantité d'adeptes, et quelques maîtres qui ont laissé des œuvres et des noms immortels à la fois dans l'histoire littéraire et dans l'histoire musicale de l'Angleterre : par exemple William Bj'-rd, John Dowland, Thomas Campion, Robert Jones, Bateson, Rosseter (le collaborateur de Campion), Greeves, etc.

De 1888 à 1898 plusieurs anthologies de ces chansons élizabéthaines avaient été publiées, notamment par A. H. Bullen, et les recueils de l'époque avaient paru si riches en pièces lyriques du plus haut mérite, que même les admira- teurs les plus passionnés de l'époque Shakespearienne en étaient surpris. Mais personne ne songeait sérieusement à une renaissance de ce genre. On ne pouvait guère espérer que d'habiles pastiches. Eh bien, ce que Joyce fit, dans ces trente-six poèmes, ce fut de renouveler le genre sans tom-

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