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LE CAMARADE INFIDELE ' 435

refusé dans un accès de mauvaise humeur, pour n'avoir pas à reprendre une conversation qui m'irritait...

— Allez-y pour moi, murmure-t-elle.

— Eh bien soit, je verrai M""^ Heuland.

��III

��Le lendemain, Vernois ne fait pas attention à un petit garçon de dix ans, la nuque et les jambes dorées, qui se tient sur les planches, à l'angle de l'établissement de bains, et qui le regarde fixement. Mais à l'autre bout de la palis- sade, il le retrouve, qui a dû faire en courant un détoar par le sable pour venir se poster dans la même attitude. Et sou- dain il se souvient de l'avoir déjà croisé, cinq minutes plus tôt, à côté de la boîte aux lettres, tenant ce même filet de pêche et l'interrogeant de ce même regard. Dès que le petit se voit reconnu, il a un grand sourire.

— Eh bien, la pêche ? demande Vernois.

Le petit rit toujours et montre les morceaux disjoints du filet.

— Quoi ? il s'est encore déboîté ? Montre un peu. L'enfant l'observe anxieusement :

— J'ai de la ficelle, dit-il.

— Où ça ?

Pour toute réponse, la petite main le saisit par un de ses doigts et se met à l'entraîner.

— Où me mènes-tu ?

Le jeune Antoine tire plus fort et Vernois se laisse faire, ravi de cette confiance et de ce mutisme, admirant la har- diesse des pieds nus qui trébuchent sur les galets, jusqu'à ce qu'impérieusement ramené vers le sol, il se trouve assis dans un trou de sable en face de Clymène. Excuses ni pro- testations n'empêchent qu'ils n'aient à tenir le filet, chacun par un bout, et que Vernois ne doive commencer une iiure. L'enfant veut comprendre comment le fil est con-

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