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574 L.'^ NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

tout ce qu'il a fait depuis huit jours l'irrite et le rend impa- tient d'être parti. Mais vainement il fait mine de prendre congé, Clymène semble ne pas comprendre. Elle enchaîne une phrase à l'autre. Les voici pourtant près de la porte ; alors elle se décide :

— Hier je n'ai pas osé vous le demander, et, tantôt encore, je comptais vous écrire dans les Vosges... Mais c'était un peu lâche... Vous savez que mon mari passait beaucoup de temps à mettre au point une ou deux inven- tions dont il était fier. Depuis sa mort, personne n'a repris son travail en main. Peut-être est-ce dommage, mais je ne sais qui consulter...

Il voit immédiatement où elle veut en venir, mais il ne l'aide pas ; après tant d'hésitations, est-ce vraiment tout ce qu'elle trouve à lui demander ? Il se représente si bien ce que peuvent être les inventions d'Heuland !

— Alors je me suis dit que peut-être... si vous l'en priiez... votre frère consentirait... Le brave homme dont je vous parlais l'autre jour pourrait lui porter les pièces...

Le cœur de Vernois se serre à la voir devant lui si hum- ble et déconcertée. Il inscrit l'adresse de l'ouvrier et pro- met d'aller le voir dès le lendemain. Mais il a trop fait attendre à Clymène ce mouvement de bonne volonté ; elle n'ose plus s'écarter de quelques phrases dictées par la politesse.

VIII

Thomas n'a posé que peu de questions.

— Avoue, mon vieux, dit Vernois, que tu n'aimes pas beaucoup cette histoire. Tu penses que je m'abuse inno- cemment sur les mobiles qui m'ont conduit à m'en mêler, et que ces femmes n'ont pas eu de peine à me prendre dans leurs filets. Si tu pouvais te douter combien tu te trompes. L'origine de tout cela, c'est une lettre qui traînait dans la vareuse d'Heuland. Nous en avons lu, des lettres d'épou-

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