Aller au contenu

Page:NRF 18.djvu/695

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE CAMARADE INFIDELE 689

dont la tête tourne et pour qui le carrousel paraît s'arrêter tandis que les maisons se mettent en mouvement, il voit celle qui devait se retirer, immobile à l'endroit qu'elle occupe, et Clymène au contraire fléchir, céder, regarder vers la porte.

— Non, non, s'écrie-t-il, ne vous en allez pas. Il y a une glace ici pour ôter votre chapeau.

Elle enlève les épingles, pose le chapeau, et dans le pénible silence, n'osant plus se retourner, elle fait semblant de rajuster ses peignes. M"^ Gassin avance d'un pas, mais c'est du côté de Vernois ; et le paquet qu'il faudrait dissi- muler, elle le tient en évidence.

— Monsieur Vernois... (et elle attend que Clymène ait fini par regarder vers elle) je préfère reprendre ma liberté... Voici vos lettres... Faites-en ce que vous voudrez.

Il reste les mains ballantes, sentant qu'il est à sa merci.

— Ne rougissez donc pas comme un petit garçon, con- tinue-t-elle, et ne faites pas l'abasourdi, avec cet air d'ignorer ce qu'il y a dans ce paquet...

Elle a beau trembler elle-même et parler d'une voix qui chevrette, elle est si forte en regard de ses adversaires qu'elle peut se donner le triomphe de faire traîner leur supplice :

— Allons, prenez... Je ne peux pourtant pas donner ceci à M"*-' Heuland...

— Comme vous voudrez, balbutie-t-il. Mais son nom prononcé a redressé Clymène :

— Je suis de trop dans vos explications... Attendez que je sois sortie...

— Oh, Madame, s'écrie M"" Gassin, il n'y a jamais eu matière à aucune explication entre M. Vernois et moi. Il m'a détestée dès le premier jour. Vous ne voudriez pas que depuis l'été il m'eût écrit toutes ces lettres. Non, non, elles ne sont pas de lui...

S'accrochant encore à l'espoir qu'elle n'ira pas jusqu'au

44

�� �