Page:NRF 18.djvu/765

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 759

du Mcursius, et l'on peut dire qu'il fut le plus souvent égaré par les sens. Mais, ne chicanons pas trop sur une phraséologie qui s'entendait fort bien au xyiii^ siècle, sous le couvert de la poU- tesse, comme en témoignent les Égarements du Cœur et de l'Es- prit, de Crébillon fils...

On se demande ensuite par quel artifice de typographie, l'histoire de Madame Parangon, extraite de Monsieur Nicolas, peut tenir en moins de cinquante pages sans que le caractère de cette touchante héroïne en soit diminué. Hélas ! avant d'entrer dans le vif du récit, aucun avertissement critique ne nous pré- sente Madame Parangon, telle qu'elle apparut à Restif en 1750, et, au lieu de débuter par le charmant tableau de la visite à l'im- primerie, le texte commence un peu brutalement par le portrait physique de h patronne. A la rigueur, on admet que quelques passages difficiles à relier aient été sacrifiés ; mais on est stupé- fait que l'histoire s'arrête court après l'épisode de la nuit, où Restif reeaone sa chambre sans avoir possédé sa maîtresse endor- mie. Les convenances, à elles seules, dans un livre aussi libre- ment illustré, n'auraient pas suffi à faire passer sous silence le viol de Madame Parangon, décrit avec toute la décence possible, comme avec le plus grand pathétique. C'est justement là 011 Restif dévoile l'incohérence des sentiments dont parle M. Jacques Rivière, et sur quoi le public aurait pu méditer... D'autre part, dans l'histoire des moeurs et de la littérature. Madame Parangon tient sa place entre M"^^ de Warens et M™^ de Rénal.

Non, ce n'est pas la pudeur, mais la nonchalance de recourir à l'édition complète de Monsieur Nicolas, qui nous a privés de cet épisode, car, en comparant les textes, on voit que Madame Parangon, telle que la présente M. Georges Crès, est extraite des Pages Choisies du Mercure, lequel, pour diverses raisons, n'était pas tenu à l'intégralité. C'est aussi pourquoi l'illustrateur, M. Joseph Hémard, n'a pu s'inspirer des précieuses indications que donne à chaque tome l'auteur de Monsieur Nicolas, au sujet des estampes qu'il projetait de faire graver. M. Georges Crès a pourtant des érudits à son service, qui soutiennent l'honneur de sa maison. fernand fleuret

��*

  • *

�� �