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PROJECTIONS OU APRES-MINUIT A GENEVE 439

��Trois heures du matin. Les joues se cendrent, les scléro- tiques s'assaisonnent de paprika. La salle amplifie les bâillements de l'orchestre.

Pauline, tu étais pure et je t'aimais. Nous nagions dans le foin, nous luttions ; et les parois de la grange répétaient notre bonheur qui chantait.

��Pauline dévêtue, les flancs espacés, arrête une maille près de la cuisse mousseuse. Elle tient l'aiguille en ménagère ; ses cils se rapprochent, et ses narines s'écartent sincère- ment.

« Quelle sale engeance, ces bas de soie ! »

��Mon corps est de mastic; mes bras faciles expliquent imprécisément avec des rondeurs, j'exhorte à l'honnêteté le Député qui s'est assis près de moi. Il est à l'infini. Seuls mes bras agiles et très puissants peuvent l'atteindre pour l'étreinte universelle.

��Je vais partir, Messieurs de l'Orchestre !

Je marche droit, mais je ne peux m'empècher de cons- tater la perfidie de ces tapis. Je suspecte leurs remous de serpents. Je n'aime pas qu'on me persécute petitement.

Ces murs s'évanouissent, pauvres ivrognes.

Les tables et les chaises m'élisent dieu centre ; elles car- rousellent autour de moi en douceur.

Mais cette ronde prend une vitesse menaçante. Il n'y a plus de chaises, il n'y a plus de tables. Il n'y a que des

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