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NOTES 507

Cela fait songer à certains masques de traits fortement marqués, dont le rictus semble sourire ironiquement de sa propre hor- reur. Voir par exemple les kyoka du crapaud-fantôme et de la pieuvre-fantôme. En général le poète fait allusion à des croyan- ces légendaires, rapproche une appellation populaire d'un dic- ton pour aboutir à quelque calembour ou à une interrogation narquoise. Ou bien, si l'on rattache tel mot à ceux qui précè- dent, le poème a une allure et un sens tragiques ; si c'est à ceux qui suivent, grotesques. Or cette jonglerie, qui exige à la fois du tour, du détour et du contour, semble vraiment poésie, mais d'un art si serré qu'il doit être le propre de gens habiles dans les lettres. Toulet eût goûté sans doute ces minuscules chefs- d'œuvre, gais et terribles.

Et le traducteur qui parvient à nous en faire sentir tout le prix à travers déjà la traduction de Lafcadio Hearn, son mérite n'est pas mince. henri pourrat

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��L'ESPAGNE ET LE ROMANTISME FRANÇAIS, par Ernest Martinenche (Hachette).

Devons-nous, pour nous représenter ce que fut 1' « Espagne » des Romantiques français, nous adresser à des écrivains obs- curs, reconstituer, à travers des œuvres oubliées, à travers des Revues ou des journaux patiemment classés, une histoire ano- nyme ? Devons-nous, au contraire, tout en ne négligeant rien de ce que nous pourrait apporter la foule, choisir sans hésiter les œuvres maîtresses ? M. Martinenche s'e-st posé la question et se décide nettement pour la seconde méthode. La première a certes sa valeur. L'ingrat labeur qu'elle exigerait nous amène- rait-il à des conclusions comparables à celles qu'obtient M. Mar- tinenche ? Ce serait une confrontation fort intéressante à tenter et que seules des recherches minutieuses pourraient préparer. Dans l'une comme dans l'autre des deux enquêtes, il impor- terait de voir l'Espagne avec les Romantiques eux-mêmes, et sans nous aider de ce qu'y ont pu apercevoir depuis iors d'au- tres regards. M. Martinenche se soumet à cette règle stricte et n'y a point failli.

Ce n'est pas encore tout le romantisme français dans ses rapports avec l'Espagne qu'étudie M. Martinenche. Il se réserve,

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