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la nouvelle revue française

factices.... D'ailleurs, sur les chemins plus battus du Péloponèse, et même aux ports où toutes les croisières font escale, l'un comme l'autre a trouvé du nouveau, comme il arrive à qui prend tout le temps de bien regarder et de s'émouvoir. Ni l'un ni l'autre n'est gêné par un vain souci d'archéologie ; je crois discerner chez tous deux un même dédain des conventions, un égal désir de sincérité. La franchise de Georges Ancey est plus aimable, étant plus ingénue ; il me plait que l'auteur de l'Ecole des Veufs, l'ami d'Antoine, l'honneur du Théâtre libre, nous avoue tout simplement : “Ce qui me conduit en Grèce, c'est l'enthousiasme naïf et professionel de mes vieux maîtres... Tous les gestes principaux, qui furent depuis ceux de l'humanité, furent faits là mieux qu'ailleurs... je brûle du désir de voir où tout cela a bien pu se passer...” Ancey porte là-bas une curiosité si joyeuse et si souple, une bonne volonté si allègre, que de ses pires déceptions il saura tirer pour nous du plaisir. La franchise de Louis Bertrand est plus chagrine, plus critique, et, j'ose dire : plus doctrinaire. Il veut être déçu, par probité d'artiste ; il raisonne ses déceptions, aux pages mêmes où l'éclat et la fermeté de son style nous sont garants de sa profonde joie.

Ruyters, naguère, écrivait dans ses Paysages : “Il ne reste ici que des fragments et des débris ; partout, sur cette terre dont la richesse fut unique, on sent l'ap-