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Page:NRF 1909 11.djvu/20

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356 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de choix, en remarquant qu'il y a d'autres figures également possibles dans le champ, à l'aide des mêmes éléments.

Chacune de ces figures est comparable à un rêve ; chacune est un système complet et fermé, qui suffit à recouvrir entièrement ou masquer la multiplicité réelle. La vision de l'un de ces systèmes exclut celle des autres.

Dans un milieu tendu, les mouvements ondu- latoires se croisent sans se mêler. Dans l'homme éveillé, en quelque sorte monté au ton du réel, il y a, de même, indépendance, non composition des excitations coexistantes. Dans le rêve, il y a com- position automatique de tout, nulle réserve. Si je pense quelque chose de A, ce jugement chasse A, comme lui étant étranger. Un jugement ne suit pas l'impression pour la raccorder à un système net et uniforme qui assure et définit ma réalité, mon ordre. Mais ce jugement succède à mon impression, et l'annule entièrement, ou la modifie au lieu de la consolider. On pense comme on se heurte.

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  • *

��Oublier insensiblement la chose que l'on regarde. L'oublier en y pensant, par une transformation naturelle, continue, invisible, en pleine lumière, immobile, locale, imperceptible... comme à celui qui l'étreint, échappe un morceau de glace.

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